Le blog de Jérome COLLIGNON

Petit rappel sur les X82.

A sa sortie, la Dynamic est disponible en trois motorisations :

X76 moteur de 14CV, cylindrée 2516 cm3, type 130

X77 moteur de 16CV, cylindrée 2861 cm3, type 140

X80 moteur de 22CV, cylindrée 3834 cm3, type 160

Lorsqu'en 1938, la direction auparavant centrale migre à gauche, les modèles passent aux Mines pour une nouvelle appellation.

La X76 est abandonnée car sous motorisée.

La X77 devient X81

La X80 devient X82, objet de cet article, leur numéro de série commence à 231.000.

*************************

Voici donc la Dynamic type 160 de 22CV 1939 (référence usine X82) n°231.142 de la vente Osenat du 20 novembre 2022 et quelques commentaires.

C'est la plus récente Dynamic connue.

Son dépouillement est caractéristique des derniers modèles. Devant la mévente de ce modèle - trop ostentatoire - Panhard a cherché à le "normaliser" en le dépouillant de ses ornements ce qui simplifie les montages et doit permettre des économies.

Les veilleuses d'ailes disparaissent ainsi que leurs emboutis, idem pour les flammes de capot (qui ne sont pas des ouïes de refroidissement). Disparition des emboutis des plaques arrières, les feux en forme de goutte d'eau étirée Marchal sont boulonnés sur les ailes.

La calandre est entièrement peinte sauf sa barre centrale. Les fleurs de lys qui font la jonction entre aile avant et aile arrière ne sont pas peintes en leur centre. L'un d'elle a vu sa fixation modifiée : elle traverse la pièce. Il faudra refaire couler un modèle en aluminium mais les clubs Panhard savent le faire.

La coque possède d'incroyables défauts de finition : la soudure transversale des units n'est pas ébavurée... Je ne l'avais pas remarquée immédiatement.

Pendant ce temps, la sellerie capitonnée présente un aspect plus cossu avec aumônières et rideau arrière. On est tenté d'en conclure qu'en usine, coudre une sellerie coûtait moins cher que d'emboutir un décor !

Au rang des bizarreries : derrière le moteur, la gaine électrique n'est pas verticale et centrale mais en T inversé certainement en raison de la longueur du bloc. La voiture est alimentée par deux batteries, un élément qui m'a bien étonné.

Un circuit d'eau partant de la pompe court sous les pipes d'admission et sert de réchauffeur (inexistant sur les modèles antérieurs et moteurs plus petits).

L'état général de l'auto est exceptionnel, un beau jus d'origine en peinture d'époque, elle sera le clou de la vente. Quelques détails à reprendre cependant : la porte de malle enfoncée, des chromes piqués, un dessous de coque bien rouillé (en rouille "humide"), les joints de caoutchoucs à changer, les pare-chocs tordus, les grilles de phares cassées (un grand classique sur ces autos). Il manque une poignée de vitres et j'ai, lors de ma visite, revissé (et sans doute sauvé) le chapeau du bornier qui avait été démonté et laissé sous le capot.

La sellerie est belle mais un peu attaquée aux mites (aumônières) et un rongeur a croqué le coin SUPD du ciel de toit.

Je vous laisse imaginer les manipulations des badauds qui ne sont pas acheteurs : ils forcent sur les poignées de capot, claquent les portières...

Le vendeur a commencé à démonter la bobine, le filtre de carburateur qui a été remisé à l'arrière. Il a cassé la sortie de pompe à essence, commencé un bricolage pour adapter une pompe électrique et faire tourner l'auto pendant la vente (j'ignore si elle a tourné mais Osenat m'a assuré l'avoir entendu tourner sans cognement). Ce sont tous ces petits détails qu'il ne faut pas oublier d'examiner lorsqu'on est acheteur potentiel afin qu'ils ne constituent pas de mauvaises surprises après l'achat.

Plafonnier hexagonal carré alors que sur les Dynamic 1939 il est hexagonal rectangulaire (encore des économies de matière / il a donc existé trois modèles !), rajout d'un rétroviseur à pince (une horreur à supprimer) et présence de flèches de direction.

L'auto est quasi complète avec son cric et un numéro des domaines (?) 000028 écrit puis peint sous le capot. Sa garde au sol est plus haute et ses portières comportent un nouvel embouti avec caoutchouc d'étanchéité qu'on ne trouve pas sur les modèles plus anciens.

Sa meilleure enchère a atteint 28.000€ soit 33.600€ avec les frais, enchère aussi haute que la berline vendue à Rétromobile à la restauration plus qu'approximative. On le voit, rareté et origine en bon état cotent bien. Tout dépend ensuite des découvertes ou des travaux à entreprendre et surtout à ce stade de l'exigence de l'acheteur : laisser en état d'origine même si imparfait ou tout refaire à neuf. Et refaire à neuf ce qui aurait pu rester en l'état est une des composantes de l'explosion de certaines cotes.

L'article de presse relatant cette heureuse vente :