Le blog de Jérome COLLIGNON

Prewar Days : une Doyenne de 1902

J'avais entendu parler de ce salon consacré aux voitures d'avant guerre (pour les plus jeunes : d'avant la guerre de 40-45) mais ne l'avais jamais visité. Comme il s'agit de ma période de prédilection, je me devais d'y aller. Je ne le regrette pas. A noter que les nombreux véhicules à vendre donnaient cet ambiance accessible que j'ai décrite ici.  Pendant une journée, j'ai déambulé au milieu de merveilles sur roues. Mais jugez plutôt : 

Sur le premier stand un exemplaire des premiers véhicules en circulation, une Panhard & Levassor A2 7CV de 1902. Grâce à cette firme, à cette date, l'automobile fête déjà son 10ème anniversaire. Elle est encore peu visible dans ce pays où règne en maitre le cheval. On n'imagine pas le bond technologique que la France fait avec l'automobile : les distances sont raccourcies, le temps gagné en entretien du cheval, son obligation d'arrêt pour repos et nourriture est supprimée, l'homme n'est plus dépendant de l'animal. Et au lieu de forger des fers, le forgeron martèle des pièces mécaniques.

Panhard & Levassor A2 :

De l'importance d'un éclairage bien orienté...

Une AutoCarrier AC 1921 et une moto surbaissée agréable à l'oeil

Cyclecar Bedelia à la ligne de sauterelle élancée :

Une Ansa 1914, marque que je ne connaissais pas. Voilà à quoi servent les expositions : utiliser notre cerveau, c'est-à-dire se cultiver et s'obliger à lire ou parler d'autres langues.

Les amis de Gabriel Voisin exposaient un coach Carène C24 à vendre, très désirable mais à reconstruire.

Une fabuleuse Lorraine-Dietrich EM 24/32 de 1907 moteur de 5.4 litres de cylindrée...

Ce n'est que dans ce type de salon que l'on rencontre ces autos ou dans des rallyes spécifiques genre London - Brighton. A droite un moteur de Bentley.

Peugeot Racer type 88 de 1908 : il était à vendre.

Et je tombe en arrêt, séduit par cette berline Ballot 2LTS de 1926 carrosserie souple Weymann, un peu hiératique avec ses phares perchés, sa calandre trapézoïdale typique, le décroché de sa ligne arrière et l'odeur du velours rouge poussiéreux d'une salle de cinéma. Malheureusement à 23.500€, elle me parait surestimée en raison des travaux de reprise d'étanchéité et de sellerie. Il faudra masquer ces clignotants modernes. Pourtant quelle présence aurait-elle sur la route !

La société Matthys, spécialiste du matériel professionnel pour l'automobile, les garages et les passionnés, proposait une large gamme dont un pont élévateur jusqu'à 3T de capacité qui se glisse sous la voiture et fonctionne en 230V. Pratique : la preuve.

Surgit alors une imposante De Dion Bouton 30 HP 1908 type "Roi-des-Belges" de presque deux mètres de haut. La notion de "monter en voiture" prend ici tout son sens. Le moteur reste un modeste 4,9 litres de cylindrée.

Un Racer Alvis plus récent, une moto Peugeot 1914 avec son allumage entraîné par engrenages.

Voici une étonnante CGV, Charron Girardot & Voigt de Puteaux, modèle F1 20 HP coupé trois quart de 1904 de 4,9 litres de cylindrée. Notez son vitrage arrondi aux angles qui préfigure les vitres panoramiques des futures Panhard.

Sur le stand des Teuf-teuf Veteran Car Club de France, cette étonnante Grégoire 70/4 de 1909 dans son jus est en réalité totalement neuve. Elle a subit un traitement pour la vieillir et lui conférer cette patine qui la rend si désirable malgré son absence de toit : les tôles ont été poncées, laiton et cuivre ternis, le cuir neuf a été usé, les pneus jaunis. C'est la deuxième voiture que je connais ainsi restaurée. Nouvelle tendance ? Je suis partagé : aussi enthousiaste par ce rendu parfait que chagriné par le recul de l'authenticité qui tente de faire "comme à l'époque".

Notez l'accessoire fixé sous l'aile censé nettoyer les pneumatiques.

Et comme nous sommes en Belgique, pour clôturer cette belle journée, un verre de bière (offert à chaque entrée) ne sera pas de refus. Santé (avec mes excuses pour cette mise en ligne tardive) !