Le Conservatoire Citroën
Le Conservatoire : the place to be.
Longtemps rêvé par les citroënistes, Marcel Allard* achète au gré des budgets et des occasions une collection de véhicules remisés un peu partout dans Paris en songeant à un futur musée. La question revient lancinante à l'orée des années 90 au moment où s'ouvre l'Aventure Peugeot en 1988 : pourquoi Citroën n'a t-elle pas son musée ? C'est finalement chose faite sous la forme d'un Conservatoire à usage privé qui ouvre ses portes le 28 novembre 2001**.
Couverture du LVA du 13/12/2001 qui célèbre cette naissance attendue par tous les citroënistes
Le Conservatoire est - pour l'instant - toujours situé dans le cadre de l'ancienne usine Citroën d'Aulnay-sous-Bois abandonnée qui sert de lieu de stockage pour véhicules neufs. La visite se fait sur rendez-vous et notamment pendant la période de Rétromobile. Je m'y suis rendu grâce à l'Association les Sangliers en Deuche (08) pour une somme modique. Je ne louerai jamais assez le dynamisme du milieu associatif. Vous excuserez tout d'abord le retard de publication de ce reportage et très certainement son doublon (ou triplon) avec d'autres sites. Quoique fourni, il ne prétend pas à l'exhaustivité.
Plusieurs petits bémols : par manque de place les véhicules sont serrés les uns contre les autres rendant difficiles les photos. Certaines voitures présentées comme telles ne sont en fait pas les premiers numéros de la série (par ex. n°3 ou 7). Quelques exemplaires ne présentent pas un état de conformité digne de la Marque qui devrait représenter LA référence. Je sais que connaître par coeur presque 100 ans de production avec toutes les versions et dérivés requiert du travail et du temps et qu'un état de restauration parfait requiert de l'argent. Citroën pourrait s'appuyer largement sur les connaisseurs de la Marque pour augmenter son savoir mais elle ne le fait pas. Je rêve là aussi d'un réseau d'amis qui pourrait rendre service aux collectionneurs et à Citroën en aidant les uns et les autres. J'ai cru comprendre que le Conservatoire existait parce qu'il entre dans la logique commerciale de la firme qui est de vendre. Qu'on ne s'étonne donc pas qu'il vende ses produits : des plaquettes et des attestations de conformité.
Pour finir la vie d'une usine est riche de thèmes différents : le Personnel, le Matériel Publicitaire, la Technique, etc. La firme accepte tous les dons qui ne sont pas toujours bien classés ou mis en valeur. A contrario, si comme moi vous connaissez par coeur l'histoire de la marque de 1905 à 1975, lors d'une visite échappez-vous du groupe pour "fouiner" et peaufiner vos clichés !
Tout passionné devrait faire cette visite au moins une fois dans sa vie. J'en suis à ma troisième visite (18 février 2016) avec des nouveautés que je vais vous décrire non sans un choix partisan et avec une magnifique découverte quasi invisible du public et publié sur aucun site internet. Un emploi du temps chargé et le nombre de photos à poster a retardé la parution de cet article à placer quelques jours après la visite de la Villa Cavrois... en 2016.
André Citroën avait un bureau dans chacune de ses usines. Le mobilier est de Javel mais les lambris sont de Clichy.
Détail des vitrines (un peu en vrac il faut le dire)
Le plus intéressant peut-être réside dans l'exposition de maquettes de prototypes plus belles les unes que les autres. A mi-chemin entre deux modèles réels, ils témoignent des recherches stylistiques et des tâtonnements : par exemple entre la DS et la SM, entre la SM et la CX ou entre la GS et la SM.
Quelques prototypes réels dont C60, Projet-L 1971, Visa 1978 et Eole 1986 :
Prototype Karin de forme pyramidale. Pourquoi n'est-il pas sur la route ?
Mention spéciale pour l'Activa I, son intérieur cuir et ses 4 roues directrices.
Le 23 avril 1989, elle s'était déplacée dans la concession de ma ville. Je connaissais déjà tellement l'histoire de Citroën que ce jour-là les visiteurs m'avaient pris pour un guide. Le logo "Activa" à l'avant s'allume en rouge.
Revenons aux réalisations si connues (et belles) que je m'abstiens de les commenter (dont rotatif et DS V4 1967) :
Le coin des Tractions : malheureusement pas toutes en état d'origine, c'est la partie décevante.
La Traction anglaise a notamment deux ailes avant de différente taille. La notice de Citroën sur son "esthétique extérieure" est pour le moins... ironique ?
Le Scarabée d'Or sur-restauré et la prouesse de reconstruction par un grand citroëniste de la Croisière Blanche (ramenée du Canada).
Utilitaires, outils et curiosités dont l'hélicoptère à moteur rotatif que j'ai vu et entendu tourner à Rétromobile !
Par contraste, celui des véhicules urbains :
Après demain ?
Et là le choc, l'émotion, ce que personne n'avait ni vu ni photographié, car cachée derrière le magnifique autocar fraichement restauré : l'horloge du grand hall de Javel. Que n'a t-elle vécu depuis octobre 1933, jour de son inauguration : l'assemblage des Traction, l'occupation allemande, les DS jusqu'aux années 80 ! Que pourrait-elle raconter ! Et combien d'ouvriers ont levé les yeux vers elle en espérant partir déjeuner ou retrouver la chaleur de leur foyer... Un détail qui n'était pas connu : sous sa pellicule de cambouis et de suie héritée de la sueur des chaînes, elle est bleue avec chiffres et aiguilles jaunes.
Pour finir, deux grands hommes (mais le premier un peu plus grand !) : André Citroën et Pierre Boulanger.
A gauche, original du buste d'André Citroën par le sculpteur Gaumont (fondeur Alexis Rudier) exposé dans le hall de l'usine.
Toute autre représentation est une pâle copie ou... une mocheté !
* Suite à une récente publication, c'est précisément Alain Paget à la demande de Pierre Bercot qui a commencé la recherche des véhicules historiques.
**Je préfère nettement le mot "Conservatoire" à celui de musée qui évoque un peu la poussière.
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