Collection de rêve
Je suis fan d'automobiles anciennes plus particulièrement de l'entre-deux-guerres mais également de quelques modèles postérieurs. Il m'est difficile d'expliquer pourquoi sinon qu'elles représentent pour moi les plus belles années de production. Quelques éléments peut-être :
- des mouvements artistiques reconnaissables : Streamline, Nature inspiratrice (insecte, monde aquatique)
- un équilibre entre tensions et rondeurs dans les lignes
- une certaine liberté de style malgré l'industrialisation ou plus exactement capacité à industrialiser des objets d'art, parfois avec un certain lyrisme.
- souci du détail, de la cohérence décorative
- ingéniosités techniques et volonté d'innover
- rareté de modèles, la guerre 1940-45 portant un coup d'arrêt fatal au lyrisme.
- je me vois à leur volant (propriétaire ou pas) prêt à leur pardonner tout pour leurs lignes.
- si j'en avais les moyens, je les collectionnerais (ou en réaliserais des copies fidèles).
Sauf mentions, les photos sont de l'auteur. Il n'y a pas de Citroën Traction ici, la quasi totalité de ce blog lui étant consacré par ailleurs. En espérant vous faire aimer l'Automobile Ancienne...
1927 Sensaud de Lavaud
Après plusieurs inventions marquantes et l'étude du shimmy, Dimitri Sensaud de Lavaud (français ayant habité au Brésil) met en oeuvre son leitmotiv : "Ne pas innover sans motif mais se dégager à temps des liens du passé qui paralysent parfois et même souvent le progrès". Il présente sa première (et dernière) automobile fruit de longues recherches lors du salon d'octobre 1927, d'abord en châssis - il semble que la voiture ne soit pas terminée - puis rapidement carrossée en coupé puis une berline.
Coulé en une seule pièce (ni soudure ni rivetage) son châssis en Alpax pesant 160kg avec un moteur 10Cv 6 cylindres, la voiture aura un poids total de 800kg (au lieu de 1500). Ce châssis est suspendu en trois points par des liaisons caoutchouc. Le train avant est oscillant autour d'un axe. Les jantes sont également en Alpax à tambours internes : légèreté, rigidité, évacuation de la chaleur immédiate.
Il n'y a pas de changement de vitesses mais un coupleur automatique. Différentiel sans engrenages, roues indépendantes, amortisseurs réglables, refroidissement moteur par condensation (pas de pompe et poids d'eau réduit). Ailes en aluminium avec phares qui suivent les roues (le 7 janvier 1928), suspension arrière à stabilisateur et direction double, direction presque au centre comme sur les futures Panhard Dynamic, roue de secours montée sur un panneau pivotant cachant vraisemblablement la batterie tels sont les incroyables nouveautés que comporte ce prototype. Qu'est-il devenu ? Comme j'aimerais le retrouver...
1934 Tatra T77
Une des premières carrosseries aérodynamiques, un puissant V8 arrière et une tenue de route louvoyante assurée. Quel design de cétacé avec son arête dorsale ! Je préfère plus encore le prototype à phares complètement intégrés. Photos prises à Rétromobile 2020, seul salon où l'on peut voir de telles raretés.
1934 Chrysler Airflow
Est-ce vraiment une américaine ? Trop en avance, trop rondouillarde elle aussi, elle n'aura pas le succès escompté et son design sera rétrogradé pour le replacer en harmonie avec la gamme Chrysler de l'époque.
J'ai choisi cette vidéo parmi bien d'autres car la prise de son est agréable (bruit moteur).
1934 Salmson coach demie berline S4D M69
Une merveille vue lors de la vente des "54 belles endormies" (Osenat 16 juin 2018) partie à 42.000€. Même si l'emboutissage n'est pas aussi audacieux que sur la Traction, la ligne est belle, avec ses éléments inclinés, son arrière allongé, son intérieur pauvre (défauts attendrissants en cette année de récession pour les marques) avec sa planche vernie en guise de tableau de bord. Mais j'ai du mal avec les conduites à droite.
1935 Voisin C28 Aérosport
Le summum : tellement rare, audacieuse, précieuse, un peu froide avec ses arêtes et aplats, en un mot inaccessible. Je ne ferai pas mieux en modèle ou en photo. Mais conduite à droite...
1936 : Panhard Dynamic
Ma deuxième préférée après la Traction. Plus accessible, elle contient tout : art déco raffiné avec sens du détail, en décalage avec l'époque, volume imposant sur route, rondeurs rassurantes et fluidité, impressionnant travail d'emboutissage de l'acier, technologie intelligente et pratique. L'ayant étudiée dans trois articles, je n'y reviens pas ici :
Lire : Panhard Dynamic : moderne ou contemporaine ?
1939 Alfa Roméo 6C 2500 STS
La 8C 2900B est exceptionnelle certes mais c'est tout de même la 6C 2500 Sport Touring Superleggera Berlinetta qui est ma préférée : quelle classe, quelle beauté ! Phares intégrés, arrière arrondi et pointu, long capot : une merveille. Cliquez sur le lien suivant pour la voir en action :
Alfa Roméo 6C 2500 Sport Touring Superleggera Berlinetta
1939 : HORCH 930 S (pour "Stromlinie")
En juillet 2018 de retour de Riga, je me suis arrêté au musée Audi de Zwickau. Une exposition à couper le souffle avec des décors somptueux de rues entières, de stations services : à voir absolument. Je voulais voir cette Horch qui, malheureusement, était en restauration (cf. les 3 premières photos), une réussite absolue en matière d'aérodynamisme fluide. J'ai mitraillé sa version de 1948 qui reste une auto imposante mais encore assez fine. Son équipement est complet avec lavabo et robinets escamotables.
1939 Bugatti coach Type 64
Si leurs moteurs offrent une présentation soignée (nette), contrairement à beaucoup je ne suis pas fan des Bugatti que je trouve inélégantes, déséquilibrées voire lourdes et surtout techniquement archaïques (freins à câbles, essieux rigides, suspensions à lames). Sauf un seul modèle découvert à Strasbourg en avril 2019 devant lequel je suis resté en admiration : le coach Type 64 de 1939. Elle ressemble beaucoup à l'Alfa.
1946 Claveau Descartes
Je suis fan inconditionnel de cette auto.
A côté de sa surface vitrée, de ses lignes épurées, lisses, presque abstraites dont le minimalisme parvient à affirmer une personnalité, la DS ou la SM nées respectivement dix et vingt ans plus tard font figure de sculptures obsolètes, esclaves de cette attraction exercée sur les stylistes par le "décoratif" (que dire des américaines des années 50 ou des lignes brisées des années 70 !) ce qui les ancre d'ailleurs comme témoins historiques et font leur succès. Mieux que la Socema Grégoire ou la Dynavia Panhard, la Claveau Descartes représente pour moi l'ovni, le véhicule moderne absolu, bien loin devant tout ce qui sera produit ensuite (et même encore aujourd'hui). Un seul défaut peut-être : ses poignées de capot et de coffre, extérieures.
Présentée en maquette aux salons 1946 puis 1947, elle apparait en prototype au salon 1948, ensuite à Genève puis une dernière fois au salon 1949 avec de petites différences : peinture deux tons, sans flancs blancs, parechocs butoirs caoutchouc ou teinte unie, flancs blancs, parechocs à tubes. Cette berline spacieuse à 4 portes accueillant 3+3 passagers est une Traction Avant animée par un V8 chemisé en alliages légers, d'une cylindrée de 2292cm3 (66x84mm), d'une puissance de 80 ch à 4000 tours minutes (certaines sources disent 85 ch) et d'une puissance fiscale de 13CV. Les soupapes sont commandées par arbres à cames en tête et poussoirs hydrauliques en forme de H système Wrangel.
Les 4 roues à pneus Michelin 600 x 17 sont indépendantes, suspension à l'arrière par bloc de caoutchouc (à débattement vertical), à l'avant par ressort. D'un poids de 590kg, la coque est en pièces chaudronnées de Duralinox soudées points par points (900kg tout assemblé). Certaines attaches sont raidies par des renforts en acier, notamment la gaine de direction à crémaillère. Le moteur est devant les roues et une boîte 5 vitesses, l'embrayage étant à l'air libre pour un meilleur refroidissement. Sous le tableau de bord, démarreur et dynamo. L'échappement passe par l'avant puis est refroidi sous la voiture.
Sans aspérité, au plancher plat, son Cx est de 0.25 (d'autres sources disent 0.28 ou 0.34) notamment grâce à ses arrondis mais aussi grâce à la forme sphérique de son radiateur dont le ventilateur offre dix fois moins de résistance qu'un véhicule classique. Avec 1600kg en charge, compte tenu de sa puissance, sa vitesse atteint 150km/h. Manquent des détails de l'intérieur, de la sellerie et de la planche de bord mais la banquette conducteur semble être de marque Tubauto reconnaissable à sa barre supérieure chromée.
Notez l'insigne ailé et les barres de parechocs, sans doute la version 1949 (archives D. Pascal).
Cette voiture ne sera jamais produite en série et on ne connait aucune survivante.
1947 Tucker
Je ne suis pas très fan des autos américaines de série, souvent surchargées. Néanmoins certaines ont ma faveur. La mythique Tucker bien sûr immortalisée par le film de Francis Ford Coppola (1988) que je suis allé voir dès sa sortie.
1949 Hudson Commodore
Je suis tombé en arrêt (je dois arrêter de m'arrêter) devant cette auto à Rétromobile 2020. Un très beau classique des années 50 naissantes.
1949 Nash Ambassador
Coup de coeur récent mais ce doit être l'année qui veut cela pour ce style rond, imposant et ce tableau de bord, une pure merveille de simplicité et de design qui rappelle celui de la Tucker.
1952 Prototype Socéma Grégoire
Incontournable auto à turbine qui ne fit pas beaucoup de kilomètres aux lignes intégrées et rondes.
1963 Buick Riviera
C'est après avoir vu un exemplaire en épave à vendre dans une casse lors de mon voyage aux USA en 2010 que j'ai flashé pour ces lignes tendues, cet avant sourcilleux : s'il surgit dans le rétroviseur, mieux vaut le laisser passer. Mon intérêt a un peu diminué depuis.
https://www.youtube.com/watch?v=BvL5Z1ogWH0
1970 Citroën SM
En ayant possédé une de 1971, je n'insiste pas sur la beauté inaccessible de ses lignes cunéiformes aux subtiles variations d'aplats. Quel vaisseau ! Voir mes deux articles en commençant par : Essai de la SM de 1971
A suivre...
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