Architecture : La Villa Cavrois à Croix
Voitures anciennes modernes à leur époque, théâtre et mise en scène, constructivisme et architecture, élégance, se rejoignent dans le second personnage de mon Panthéon après André Citroën : Robert Mallet-Stevens.
Robert Mallet-Stevens (1886-1945)
http://villacavrois.blogspot.fr/p/malletstevens.html
Citroën et Mallet-Stevens (prononcer "stévinsse" et non "stivennss") se connaissaient. Ils partageaient un même goût pour la modernité et le Progrès, c'est-à-dire l'idée que la technique ou la science servent à améliorer le confort des êtres vivants. Ils partageaient également une double capacité faite d'ouverture d'esprit à la diversité et de recomposition au service d'une vision structurée du monde.
Mallet-Stevens ne concevait pas de dessiner une maison sans imaginer les meubles, la déco, l'éclairage, le jardin, qui, tous, devaient s'harmoniser. Pour un industriel du textile, M. Cavrois qui lui a laissé carte blanche il a imaginé une demeure réalisée entre 1929 et 1932 et livrée en 1934 avec tous les aménagements : TSF, horloge électrique, téléphone, ventilation dans chaque pièce, chauffage central, canalisations et fils masqués, éclairage indirect, espace modulable, espace laissé à l'automobile, etc.
Habitée par la famille Cavrois jusqu'en 1985, elle est vendue à un promoteur immobilier qui souhaite la démanteler pour revendre en terrain à bâtir. Classée en 1990, défendue par un collectif qui souhaite sa réhabilitation, elle est laissée à l'abandon par son propriétaire. Pillée, vandalisée, taguée, envahie par la verdure, détruite à petit feu, elle est finalement achetée par l'Etat en 2001 et restaurée pendant 14 ans.
Interviennent alors tous les corps de métiers, jardinier, éclairagiste, marbrier, ébéniste, peintre, staffeur, plombier, etc. dans une démarche de totale restauration à la vis près comme les tractionnistes font avec leurs Tractions. Certains professionnels encore en activité depuis 1934 ont été retrouvés et il leur a été demandé de reprendre leur travail, parfois presque à zéro.
Le 14/02/2016, nous sommes restés 3h30 à errer dans cette villa, trésor du Nord, émerveillés par le travail de reconstruction et par l'expression du bon goût et du raffinement français tels que nous les chérissons.
Nous avons sympathisé avec M. Philippe Doudoux, un des guides, qui a bien voulu pour ce blog ouvrir quelques portes secrètes habituellement closes au public. Je vous laisse découvrir ce château moderne magnifiquement restauré par le Ministère de la Culture dans le respect de la configuration des lieux en 1934.
Visite :
Le perron, puis l'entrée avec ses boîtes de lumière reprises des décors de cinéma. Vue sur la porte.
Après le franchissement des boîtes de lumière, le salon de réception avec sa large baie vitrée donnant sur le plan d'eau. Sur le côté le coin cheminée en marbre jaune de Sienne.
Grâce au fond photographique de la presse d'époque, mobilier et panneaux de marbre ont été reconstitués à l'identique au millimètre près en comparant avec un ordinateur les proportions et perspectives. Le parquet a été restauré et complété par la même société qui le posa en 1932 et qui pour cela a exhumé ses archives pour retrouver la technique de collage par ciment magnésien. Ci-dessous la salle à manger des parents avec meubles en poirier verni reconstruits à l'identique et marbre vert de Suède. La carrière de marbre existant toujours, une nouvelle extraction et un choix difficile des plaques a permis de retrouver le dessin du fil horizontal du marbre. Les attaches ont été repositionnées à l'identique. Une splendeur.
A droite, sculpture art déco de Jan Martel "La Belette"
La salle à manger des enfants et son mobilier (ici rare mobilier d'origine).
Au 1er étage, notre guide nous ouvre les armoires du coin bureau qui renferme les archives de la famille Cavrois et la porte secrète qui cache un coffre-fort jamais ouvert depuis les années Trente. Que va t-on y découvrir ?
Dans les chambres des enfants, on a conservé en médaillons la trace de la teinte d'origine. Ceci ne vous rappelle t-il pas un certain roadster 15/6 ?
La chambre somptueuse des parents
La salle de bain (pour famille nombreuse) intégrant la douche et le pèse-personne (aucune canalisation visible).
Les détails de finition ont été retrouvés et respectés à la lettre. Les vis des horloges sont horizontales comme les aiguilles du 3 et du 9. Les vis des portes sont verticales ou suivent le fil du bois.
L'état d'où l'on est parti... une chambre laissée intacte.
L'imposante (immense) chaudière fournissant les étages.
Le sous sol est un véritable musée de toutes les reliques qui ont pu être sauvées.
Dernières vues panoramiques
Pour info, la Villa peut être ouverte à une visite en voitures anciennes... sur autorisation.
N'oubliez pas d'aller visiter le musée "La Piscine" de Roubaix.
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