La 7A 1934 d'avant-série
En ce jour anniversaire, j'ai le plaisir de vous présenter la 7A de Francis Gaubert.
Rencontré fin des années 90, ce sympathique collectionneur m'avait informé détenir une 7A d'origine, une avant-série comportant plusieurs détails spécifiques très intéressants. Souhaitant garder une certaine discrétion, il m'avait promis de me garder l'exclusivité de la sortie de restauration de sa voiture.
En mars 2014 : je reçois son appel. La 7A est terminée après de longues années. Francis a tout fait lui-même sauf la peinture, preuve si besoin était que de belles restaurations peuvent se passer des services d'un professionnel.
Pour vous ce scoop : une 7A avec tous ses accessoires et pièces spécifiques (numéro de série dans les 1700).
C'est désormais la plus belle 7A connue... une merveille sur roues.
Le saviez-vous ? Les chevrons du cimier de calandre sont chromés et peints en noir dans leurs rainures.
Cette voiture comporte une singularité réservée aux premières 7 sorties de chaînes et pour l'instant elle est la seule recensée au monde : son pot d'échappement est fixé sous l'aile avant droite. L'ingénieur André Lefebvre a imaginé de refroidir les gaz d'échappement en positionnant le pot à l'avant. Sur la PV (prototype Petite Voiture) le tuyau devait aussi déboucher à l'avant. Aux essais, lorsqu'on ouvrait la vitre avant droite, les gaz pénétraient dans l'habitacle et asphyxiaient les essayeurs. On est alors revenu sagement à un tuyau d'échappement qui court sous la voiture. Pour cela, la PV est rehaussée de 44mm par un nouveau réglage des barres de torsions. Panhard adoptera cette solution du pot d'échappement frontal deux ans plus tard sur sa Dynamic.
Le pot est boulonné au moyen d'une équerre sur l'extrémité du jambonneau et relié au collecteur d'échappement (modèle 451326 dirigé vers l'avant pour moteur 72x80) par un flexible. Pour les passionnés de technique, le plan de ce montage est visible page 77 de mon Guide figure 28A.
La voiture possède des avertisseurs de marque Klaxon (ce nom propre deviendra un nom commun) ville et route, ainsi que des phares Cibié ABTP 286.
La planche de bord est en tous points conforme : la commande de vitesse presque droite terminée par une petite boule (la fameuse "cuillère à moutarde", c'est elle), l'avance à l'allumage au centre, le cadre de fenêtre peint en faux bois, la commande de serrage du pare-brise par compas à serrer. En détail : la commande de boîte inversée avec 1ère vitesse en haut.
Sans oublier les petits détails qui font son charme, toutes pièces devenant difficiles à trouver.
Essuie glace et son ressort, petit joint de parebrise spécifique (téton inséré, ensuite ce sera une agrafe couvrante).
Pour terminer un tour sous le capot : radiateur flottant, remplissage d'huile latéral, etc.
Aucune optimisation, ni entorse et la voiture fonctionne parfaitement. Comment pourrait-il en être autrement, ses concepteurs l'ayant conçue pour qu'elle roule ? Elle prouve de façon éclatante que la restauration automobile n'est ni une affaire d'argent, ni une affaire d'optimisation mais une question de choix personnel sans oublier le talent (c'est-à-dire la patience de comprendre), du temps et certes un peu d'outillage (l'établi que vous voyez est celui qui a servi).
Par son action, Francis a rendu un vibrant hommage à la vision d'André Citroën d'une automobile civilisatrice, créatrice de liberté et de rencontres. En cet anniversaire des 80 ans, il ne pouvait faire mieux.
Francis et son fox-terrier Milou, arrière-petit-petit fillot d'un autre Milou... en 1934 !
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