2019/07/20 : Centenaire Citroën à la Ferté Vidame
Le Centenaire : de sensationnel (1934) à révolutionnaire (1986), époustouflant, grandiose, magnifique, des Citroën connues, inconnues, rares, à perte de vue, je crois que les qualificatifs positifs vont manquer. Voilà une marque dont le nom est si vivace depuis 100 ans qu'il déplace les foules au nom du confort, du progrès, de l'avenir grâce à du matériel ancien. Bizarrement me vient en tête le mot de "sorcellerie".
Le vendredi 19 juillet avait bien commencé sur les Champs-Elysées : paradoxal à souhait. Le matin, remontée de casques coloniaux* et le soir remontée des supporters du match Algérie-Sénégal. C'est une chance et une malédiction d'opposer la raison à l'action et d'apprécier certaines situations. Lorsque les klaxons se taisent dans ma ville vers minuit, me restent 4h30 de sommeil pour un lever dès poitron-jacquet. Parce que quand sont annoncés 4200 voitures et 50.000 visiteurs, il vaut mieux éviter (si l'on peut évidemment) d'arriver aux heures d'affluence. Pour ce Centenaire d'anciennes, j'ai choisi ma monture : ce sera la plus fraîche de toutes les dernières-nées de Citroën avec même pas 500 km au compteur. Vous voyez : qui châtie bien, (se) rachète bien.
La Ferté Vidame, 20 juillet 2019, 09h00, parking le plus éloigné, déjà plus de deux équivalents navettes d'attente, je décide vaille que vaille de faire les 2 kilomètres restants à pied. Nous blaguons avec d'autres marcheurs et voyant surgir plusieurs Tractions, par défi je lève mon pouce. Coup de frein :
– Tu veux que je t'emmène ? Pas de problème, monte.
Je m'installe à bord d'une très belle 11B immatriculée dans le 83 et remercie encore son sympathique propriétaire qui ignorera qu'il vient de faire entrer tout Javel dans son auto : sorcellerie... et vive l'entraide tractionniste !
Il est 09h15, efficacité, rapidité, un salut de connivence au portrait familier d'André Citroën et j'entre. J'ai décidé de ne pas mitrailler mais de choisir quelques modèles. Ayant manqué de temps, certains modèles sont invisibles et je m'en excuse.
Lui ayant emboité le pas, je reconnais soudain de dos Linda Jackson, la grande directrice d'Automobiles Citroën – et la première femme – qui chemine en toute simplicité sous la Tour Eiffel. J'aurai aimé l'interpeller :
"Madame, vous ne pouvez décemment pas conduire Citroën sur la voie de l'électrique. Cette voie est anti-écologique, amorale et donc anti-Citroën. Peut-être êtes-vous mère vous-mêmes ? Vous ne pouvez pas cautionner le labeur de ces enfants congolais qui plongent dans des mines pour extraire le précieux minerai qui garnira nos futures batteries européennes. Aucun slogan commercial sur la "liberté" ne pourra faire oublier cette infamie indigne d'un 21è siècle**. Et s'il vous plait, faites nous de vraies Citroën en retrouvant les valeurs d'innovations de la marque".
L'occasion était unique mais je renonce. A quoi bon ? Je ne serai pas entendu autrement que comme activiste gêneur or je ne suis qu'un citoyen passionné d'histoire (client depuis 1995). Je ne tiens ni à déranger cette dame, ni à me montrer, ni à gâcher la fête. La société française continuera dans la pensée unique.
Les rencontres se succèdent, les idées s'échangent avec les poignées de mains. Que les amis anciens et nouveaux me pardonnent si je ne les cite pas tous, j'ai la bouche pleine de madeleines faites maison et un verre de bière à la main. Avec quelles lettres : C, I, T, R, O, E ou N ? Pas de conférence (vraisemblablement il n'y en aura plus), je suis libre comme l'air.
Heureux de retrouver toutes ces Rosalies, souvent délaissées alors que ce sont de très belles machines.
De nombreuses Traction sont venues par la route (parfois plus de 800km) dont des millésimes 1934-1935 sans température d'eau, sans vase d'expansion, sans ventilateur additionnel uniquement avec leurs mécanismes d'époque parfaitement réparés ou réglés. Déjà là en 2014, elles osent encore s'exposer ! Puisque cette réalité que j'assène depuis 1997 est impossible, constitue un mensonge car non prouvée par moi, que je suis un ignare rétrograde non crédible en mécanique, il n'y a plus qu'un mot : sorcellerie ?
Pour se désenvouter, rien de tel qu'un tour d'horizon sur la vente aux enchères et ses estimations délirantes (ne jamais acheter du Citroën dans une manifestation Citroën).
Au moment du repas donc sans file d'attente, mes amis m'emmènent découvrir le circuit d'essais secrets PSA. La 7C de 1939 d'Eric franchira à nouveau les pavés traitres et s'en sortira très honorablement en frétillant des ailes. Et pourtant il y avait du monde à bord : trois présents et un certain nombre d'amis absents ou disparus qui nous accompagnaient (multipliez par 21 grammes). Merci à tous ceux qui ont permis cette visite !
Après une forte averse, le soleil revient nous sécher et je termine ma visite par un salut à Emile Gossart puis à "Alain Les Belles Anciennes" et un passionnant échange sur les spécificités communes aux trois roadsters 15/6 1939 avec l'homme de l'art qui en a repris deux en carrosserie : un sorcier aux doigts d'or.
16h00 : il faut savoir partir avant le grand rush. Dernier salut, militaire cette fois, devant le portrait de ce grand polytechnicien, organisateur de chaos, sauveur de la France, pourvoyeur de confort civilisateur, père de cœur d'une famille nombreuse de techniciens, commerciaux, bénévoles, passionnés. Sans lui que ferions-nous ??
Il est temps de rouler en Citroën sous la voûte des arbres...
* Croisière de l'Ouest organisée par le CCFA
** Thème de la publicité "Renault Zoé"
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